Jean-Charles et le taxi

Nous avons quitté Salzbourg avec un certain soulagement, en respectant scrupuleusement notre planning. Le chargement du coffre se fait routine, et rien ne nous retient au camping.

Nous décidons de prendre le petit déjeuner en chemin, et de déguster nos «viennoiseries» au
pied des montagnes, un peu avant Villach et Bled. Grande idée que voilà, car la route entre Salzbourg et Ljubljana est magnifique. Les montagnes ont parfois des allures de glacier. On se sent vraiment tout petit.

Dans la voiture jaune, les ooooh et les waow fusent à chaque sinuosité de la route.  On roulerait bien encore, juste pour ce plaisir. Après 3h de pur émerveillement, nous arrivons à Metelkova, ce quartier decentré qui accueille les «rebelles underground» dans un immense squat. Sauf que le squat en question est renseigné dans les guides de voyage et on y organise même des visites guidées… Mais quand la contestation s’institutionnalise, ne perd-on pas l’essence de la colère ? Je vous laisse y réfléchir… Sam a l’air d’apprécier ces mélanges de genres : musique par ci, sculptures par là, tags et graffs partout… Les filles sont fans.

Nous pique-niquons dans un parc ombragé, dans le quartier. Peter Pan arrive même à nouer une relation particulière avec un oiseau minuscule et très expressif, que nous surnommons Jean-Charles.

Ensuite, direction le centre-ville, et son agréable piétonnier. Avant de chercher à nous garer, nous décidons de contourner les remparts en voiture, histoire de se faire une idée de l’architecture, de l’ambiance locale, de l’état des faubourgs. Ne connaissant pas les lieux nous respectons scrupuleusement les signalisations. Et soudain…

BARDAF

A l’arrêt, on se fait emboutir le pare-choc arrière par un jeune taximan distrait. Heureusement pas de blessé, et, une fois le stress soulagé par quelques beaux jurons, nous constatons que les dégâts sont assez limités. Le jeune homme reconnaît ses torts, et un constat plus tard, nous reprenons notre exploration, un peu dépités que notre carrosse ait pris un coup mais rassurés par le coup de fil à l’assureur.

Il fait 36°C, les rues sont désertes, et un peu de repos nous ferait le plus grand bien. Direction le Bed & Breakfast réservé pour la nuit : Atticus. Un accueil souriant, chaleureux, qui nous met du baume au coeur. Bien que nous soyons un peu en avance sur l’horaire, notre hôte nous guide vers deux superbes chambres, propres, confortables et joliment aménagées dans les combles d’un bâtiment ancien.

Une douche plus tard, nous pouvons partir à la découverte du château qui surplombe la ville. Un funiculaire nous emmène au sommet, et la vue vaut vraiment le détour. Les ruelles et bâtiments de Ljubljana nous ont totalement séduits. Les murailles sont extrêmement bien conservées. Quelques affiches nous annoncent que chaque soir, on projette des films en plein air dans la cour du château. Mais la perspective de «Rogue one» en slovène ne convainc personne.  

Nous préférons poursuivre la balade au coeur de la ville. Nous nous rendons dans un des restaurants conseillés par notre hôtesse, pour goûter quelques spécialités locales. Sam et moi optons pour de la saucisse fumée et grillée, accompagnée d’une purée de haricots. C’est plutôt goûtu. Les filles choisissent une version végétarienne, un risotto aux lentilles haricots, doucement parfumé. Repus et apaisés, nous nous balladons le long de la rivière et ses nombreux petits ponts, avec une insouciance et une liberté que, personnellement, je n’ai plus ressentie en Europe depuis longtemps. Ici, pas de militaires en rue, pas de dispositifs de sécurité angoissant, pas de message «Attention aux pickpockets»… S’il n’y avait eu l’accrochage avec le taxi, cette journée était parfaite. D’ailleurs, nous décidons de prolonger notre séjour de quelques heures, histoire de faire un tour au marché central et visiter la superbe Cathédrale Saint-Nicholas. Visiter les églises, j’avoue, c’est un peu ma marotte en voyage. Découvrir comment une communauté se raconte via son patrimoine religieux, quelle humilité quelle opulence, quelle audace et quelle liberté ou, a contrario, quelle austérité la définissent, dit beaucoup de l’histoire et des hommes.

Et celle-ci nous raconte une histoire somptueuse.

Il est temps pour nous de reprendre la route, direction Plitvice. A dire vrai, nous sommes impatients de découvrir le paradis sur terre.

 

 

Le moins : notre voiture a une balafre. Bien sûr, c’est que du matériel et nous allons tous bien. Mais zut quand même. A noter aussi : bien que l’on soit muni des vignettes réglementaires, la traversée de l’Autriche nous a coûté quelques euros de plus. En effet, si les montagnes se traversent aussi vite, c’est grâce aux nombreux tunnels qui ont sans doute coûté bonbon, et pour lesquels on doit s’acquitter de quelques frais de péage supplémentaires.
Les plus : euh… tout. Et aussi, ces petites boutiques de créateurs, très très sympas. Et encore, les petits prix : resto, gîte, … Tout coûte moitié moins cher, et ça fait plaisir !

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