Sans rire, on ne plaisante pas avec le plaisir de la nourriture. Ca fait partie des essentiels, depuis la joie du petit déjeuner qui nous cale jusqu’à 14h, jusqu’aux subtils parfums de thé qui émerveillent le palais. J’aime manger, j’aime bien manger. Vu qu’on y passe tout de même un certain temps dans notre vie, autant que ce soit bon, pas vrai ? Et quitte à voir du pays, autant tester les spécialités locales…
En tant qu’auteure, je suis parfois amenée à voir le monde, comme ce fabuleux voyage de deux mois au Québec, à Montréal, principalement. Parfois, je vais moins loin, mais n’en suis pas moins dépaysée.
Ainsi, j’ai donné une lecture de textes dans la banlieue de Lille, précisément à Verlinghem, dans un troquet à la flamande : patron bourru, bières et meubles de bois foncé, ça rit fort et ça sent la frite comme dans le port d’Amsterdam.
A la carte, une spécialité imprononçable dignement si on n’a pas grandi avec : le welsh.
A en croire le menu et le contenu du plat, il y a vraisemblablement du grand-breton voire de l’Irlandais dans ce plat : pain, Guinness et cheddar, en proportion à peu près équivalente, le tout passé au four et gratiné, servi avec des frites (je n’ai déjà plus faim) et de la salade (la vinaigrette a probablement des vertus digestives).
Dit comme ça, admettons-le : le welsh fait peur.
Surtout avant de lire des histoires : il me faut garder un peu de souffle, et un peu de vigueur, sous peine de devoir abréger le plaisir de mes auditeurs. Mais soit, je commande gentiment un welsh pour novice, – mon éditeur se fera la version double welsh royal, soit avec une généreuse tranche de jambon bio en plus, histoire de corser l’apport en protéine.
Après une vingtaine de minutes d’attente pendant lesquels les convives m’ont gentiment chambrée sur mon inculture, arrive le plat, fonte bouillonnante, et ses accompagnements.
D’allure, on dirait une soupe à l’oignon gratinée… D’odeur, c’est inexprimable. Appétissant et effrayant à la fois, comme le serait une tartiflette ou un croque-monsieur au fromage de Herve. Au goût, et c’est là le paradoxe de ce plat, c’est simplement jouissif, de ces plaisirs qui n’ont qu’un temps, et heureusement, mais qui régalent le palais comme le ventre, une cuisine qui tient au corps pour affronter un mois de novembre flamand, un goût salé qui réclame bière pour passer, et arrondit à coup sûr les hanches et les bedons nacrés.
Derrière son bar, le patron me surveille du coin de l’oeil : “Et alors, la Belge, tu l’aimes, mon welsh ?” Foutredieu, oui, Tavernier, ton welsh, je l’ai aimé.
Les plus
Le décor à la flamande, l’ambiance simple, les bons produits
Le moins
Le welsh tient bien au corps, et il vaut mieux renoncer au dessert !
Adresse
Café de la Fontaine
12 rue de la Fontaine
59237 Verlinghem (France)
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