Le motel et les séries télé

Depuis toujours, je suis fan de séries télé. Les médicales, les policières, les judiciaires, les adulescentes, les provocantes, les sexuelles… Tout y passe ! Et en toute logique, visiter le continent des Amériques, était une occasion en or pour faire des expériences un peu fantaisistes. Non, je ne me suis pas rendue à la frontière canadienne sur les traces de ce tandem de choc des années ’90. Je ne suis pas non plus aller explorer les bureaux de l’unité spéciale des victimes de New York.

Je rêvais juste de dormir dans un motel, un de ces endroits où on ne sait trop si on est mort de peur ou d’excitation, selon que la série soit criminelle ou adultère, où la déco est au mieux minimaliste, au pire improbable, et où la voiture attend sagement devant la porte qu’on puisse fuir à la première sirène de police ou au premier coup de hache.

Sam, lui, voulait absolument profiter de son bref passage au Canada, après notre expédition à New-York, pour visiter le musée Villeneuve, dédié à cette dynastie de la Formule 1, et découvrir le circuit Villeneuve de Montréal.

Le compromis fut vite trouvé : le musée se trouve à Berthierville, à 80 km de Montréal et Trois-Rivières. Quitte à rouler un peu, nous étions partant pour remonter le Saint-Laurent, et pousser vers l’est. En furetant sur le web, avec ma méthode économique (une zone géographique, un classement par prix, et puis un choix d’instinct : autant dire aléatoire), nous avons dégotté Ze motel. Le Normandie, à Louiseville, soit à une grosse centaine de kilomètres de Montréal, à 35 km de Trois-Rivières. 40 euros la nuit pour deux, un paysage digne d’un roadtrip meurtrier, difficile de faire mieux.

Et la route était belle : nous avons assisté à des vols d’oiseaux inimaginables, des nuées immobiles suspendues au-dessus des champs, Hitchcock n’était pas loin. Les paysages de rivage à couper le souffle, entre neige fondante et soleil de printemps, des étendues de vide qui me rappelaient l’Islande, la couleur en plus. Bref, on en a pris plein les yeux. De temps en temps, tous les 10 km, une ferme nous rappelait que nous n’étions pas en plein désert de neige.

Louiseville, c’est la banlieue de la banlieue, c’est si loin si proche, à la fois vide et majestueux. Une rue principale, avec un coiffeur, une maison communale qui fait aussi salle de spectacle et quelques habitations, un restaurant qui mêle pizzeria et cuisine grecque. Au moins, pas de souci pour choisir où nous allions manger.

Enfin, arrivée au motel. Un homme à l’âge indécis, bourru mais souriant, nous accueille par la fenêtre de son salon. Je prends les clés, je paie d’avance. Chambre 3. Il y a deux voitures sur le parking. Nous garons notre véhicule de location devant la porte. Un tour de clé dans une porte légère, et nous voilà dans une chambre à la hauteur de tous mes espoirs ! Les quatre murs sont tapissés de papier-peint pastel, collection 1982, un motif différent par mur. Un lit, format américain, autrement dit mega king size, et des lampes de chevet d’un autre siècle. Face à la porte d’entrée, une autre porte… pour fuir la police ? Et enfin, une micro salle de bain, avec une douche et un wc. Si l’on fait abstraction du froid pétrifiant qui y règne, c’est absolument vivable, et imbattable sur le rapport qualité – prix. Toutefois, en ce début avril 2016, la température est proche du zéro °C au Canada, et nous ne nous risquerons pas plus que nécessaire dans la salle de bain.

Les murs sont fins, très fins, et peu isolés. Le lit est grinçant et presque propre. Même si ces reportages sur l’infestation de punaises nous trottent en tête, aucune trace de piqûre sanguinolente  n’indique la présence des indésirables sur les draps. La nuit fut plutôt fraîche, et pour ma part, parsemée de cauchemars : des individus à la peau burinée et armés de machette nous observant par la fenêtre, hésitant entre nous rôtir ou nous manger.

Autant dire que l’expérience motel fut à la hauteur de mes espoirs et fantaisies. Au petit matin, nous sommes repartis sans demander notre reste, destination Montréal, et son Mont-Royal.

Les plus : le prix, plus que raisonnable, le côté anonyme

Le moins : la salle de bain à 0°C

L’adresse :  Motel Le Normandie, 1111 Boulevard Saint Laurent O, Louiseville, QC J5V 2L4, Canada – http://motel-normandie-louiseville-ca.book.direct/

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