L’artiste et l’orgue

Au début de notre projet, nous n’avions pas prévu de passer à Zadar. En février dernier, j’ai rencontré Yann Marussich, un incroyable performer qui, tout comme moi, présentait son travail lors des conférences TEDx namuroises. En fin de journée, rêvant voyages et projets fous, nous parlons de la Croatie, et Yann nous invite à passer le saluer à Zadar, après nos visites de Plitvice, et à admirer avec lui le plus beau coucher du soleil du monde…  Le genre de proposition qui ne se refuse pas, n’est-ce pas ?

Nous arrivons donc en milieu d’après-midi dans le repaire de l’artiste, qui nous reçoit avec bienveillance et simplicité. C’est comme retrouver un peu de famille à l’autre bout du monde.

Une fois les sacs posés et les lits préparés, nous partons en balade à la découverte de la vieille ville fortifiée. Zadar est parsemée de monuments, portes d’entrée de ville ou églises, qui racontent son histoire millénaire. Elle semble hésiter entre cité méditerranéenne et porte d’Orient. D’ailleurs, le vent nous rapporte les échos chantants d’une conversation qui ressemble bien plus à de l’italien qu’à du croate. Notre hôte me raconte qu’autrefois, avant la guerre de 39-45, Zadar était italienne, et que les Anciens de la ville parlent ce patois familier que j’ai reconnu comme de l’italien. Il me raconte aussi que Zadar fut une des premières villes prises dans la guerre civile qui a ravagé la région. Ici, comme à Skradin d’ailleurs, les bâtiments en portent encore les stigmates : impacts de balles, maisons détruites ou abandonnées… Je pense à Maya Ombasic, ma chère Maya, qui a vécu tout cela enfant. L’urgence de vivre qui vient ensuite n’a pas de limite.

Il nous raconte encore comment, il y a un an, la TVA est passée de 13,5% à 25%, étranglant littéralement les gens d’ici. L’austérité, ils disent, pour surmonter la crise. Le résultat montre surtout une grande misère.

Un bon repas, une deuxième nuit dans un vrai lit ont presque réparé mon dos, cassé depuis Plitvice. Au matin, le savoureux déjeuner de thé vert, pain et miel, une spécialité locale, nous remet sur pied. Après avoir payé notre dû (une représentation de la Fontana dans la forme artistique de notre choix ; j’ai donc écrit une histoire, un inédit qui est précieusement à l’abri dans le classeur de Yann), nous allons saluer la mer, à la pointe nord de Zadar.

A cet endroit, un incroyable dispositif musical a été installé dans la digue : les vagues de la mer qui viennent souffler l’air dans les tubes d’un orgue marin.

C’est par ces ouvertures que chante la mer – orgue marin, Zadar

La musique ainsi produite évolue au gré du ressac. Pause, le temps d’un soleil doux.

 

Les plus : un vrai lit, une machine de linge… S’arrêter en terrain ami, ça fait du bien !

Les moins : les moustiques, affamés, et nos jambes constellées de points rouges au petit matin.

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